L'étude du Tai Chi Chuan ouvre des horizons infinis dans la recherche d'une alliance entre les mouvements et le souffle. La pratique des armes du Tai Chi, prolongation des bras, décuple par cette extension le moindre mouvement partant du centre du corps, et permet donc d'amplifier le travail de l'énergie interne. C'est pourquoi il est préférable que l'apprentissage des enchaînements d'armes suive celui de la forme à main nue, une fois les premiers principes du Tai Chi Chuan assimilés (le calme, le relâchement, la coulée vers le bas et l'alternance énergétique).
Les enchaînements d'armes, assez rapides exercent la condition physique et la capacité de réaliser des sauts doubles ou en tourbillon, des pas vifs et de pouvoir mobiliser le haut du corps de façon accélérée. Pratiquer les armes ne développe pas seulement le travail en amplitude mais aussi l'habilité du geste et l'agilité des déplacements, qualités nécessaires à la réalisation des applications martiales. Bien que les formes avec les armes ne durent que quelques minutes, elles sont codifiées en série de séquences de mouvements, portant des appellations à la fois techniques et poétiques. Les régles de structuration et les principes de ces formes sont identiques à ceux du Tai Chi Chuan, mais avec des variations de principes selon les armes.
Le pratiquant commence à s'entraîner avec des armes en bois avant d'utiliser les armes lourdes en métal, qui élèvent la capacité physique et la mobilité. Mais les armes en métal lourd ne sont qu'un passage, car on dit qu'un maître accompli dans la maîtrise des armes lourdes doit pouvoir exercer son habileté tout aussi bien avec une épée en papier !
L'épée du Tai Chi
L'épée du Tai Chi (Tai Chi Kien ou Jian) comporte une lame à double tranchant se terminant par une pointe en ogive biseautée, tranchante elle aussi. La symétrie de cette forme et l'existance d'un point d'équilibre au premier tier de la lame offrent spécifiquement des possibilités de cisaillement et de piqûres, techniques de précision qui exigent plus de souplesse et de finesse que celle du sabre.
Dans la Chine ancienne, le maniement de l'épée était réservé aux officiers de hauts rangs, en ce qu'il demande pas que de la force, mais aussi de la délicatesse. La vivacité, la précision et la fluidité des mouvement de l'épée se retrouve aussi dans un style fameux de calligraphie, dit "Style d'herbe",* et les lettrés, pour cultiver et nourir leur énergie interne, s'entrainaient aussi avec cette arme.
*Calligraphie, dit "Style d'herbe"
Le sabre du Tai Chi
Le sabre du Tai Chi (Tai Chi Dao ou Tao). L'étude du sabre implique la compréhension du principal potentiel énergétique du Tai Chi Chuan, le peng*. Ce potentiel expensif s'exprime dans l'ouverture et l'amplitude des mouvements.
Le sabre du tai Chi, légèrement recourbé, comporte un fil de lame unique, qui permet essentiellement de trancher avec des gestes larges et vigoureux par l'utilisation des mouvements du buste et de l'extention des bras dans l'espace. Ce qui confére à ces enchaînements une intention "appuyée" d'expression martiale sensible, dans le maintien comme dans le courage, attitude morale caractéristique du sabre. Ne dit-on pas que l'on doit pratiquer le Tai Chi sabre, avec l'esprit d'un tigre féroce ?
* Peng, ou potentiel expensif, d'ordinaire traduit par "parer". Ce potentiel est le plus important car il détermine et enclenche les autres. L'enchaînement du Tai Chi Chuan peut ce concevoir comme la combinaison dans l'espace des possibilités de mouvements contenant le potentiel peng et de l'alternance de mouvements d' "ouverture" et de "fermeture" générale du corps.
M. Plouvier et B Gérentes. "Le Tai Chi Chuan" ed. Que sais-je ?