- « Bien sûr, que nos vies sont des voyages. Pour la plupart, elles partent de rien et n’aboutissent nulle part. Elles vont d’un envers à l’autre des choses, et c’est pourquoi les ports y tiennent la place qu’occupent aussi les songes : ce sont des lieux qui se retranchent avec obstination quelque part entre ici et ailleurs, entre maintenant et pour ainsi dire jamais - entre nous et personne. Leur rude franchise provient d’une sorte d’équanimité que provoque les grands tremblements de la mer aussi bien que sa langueur d’étain. Plus que tout autre, ce sont des lieux précaires où tout être, qu’il s’en aille ou qu’il reste, se trouve en éternelle partance ».
Hugues Pagan. Extrait : «Mauvaise nouvelles du front - Ostende»