Ce texte figure en épilogue du livre "Plogoff la révolte" écrit, par une équipe de journalistes et de photographes de presse, en 1980, juste après la fin de l’enquête publique qui avait vu la résistance des gens du Cap face aux militaires et gendarmes, pierres contre fusils.
Per-Jakez Hélias, voisin bigouden meurtri par l’offense faite aux capistes, avait pour l’occasion ressorti son "cheval d’orgueil" de l’écurie. Quarante ans plus tard son analyse du monde en devenir et l’urgence qu’il souligne de "conserver en l’homme l’envie de durer", n’ont pas pris une ride.
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Extrait : ... "Or la vie de l’homme s’inscrit entre deux coordonnées qui sont le temps et le lieu. Être de son temps, c’est apparemment facile. Il suffit de se mettre à la dernière mode comme si l’on tombait de la dernière pluie. De hurler avec les loups ou de bêler avec les moutons, au choix. De se projeter dans le proche avenir en reniant le passé récent et sans savoir de quoi demain sera fait, bien que les bons apôtres nous assurent que demain on rasera gratis, qu’il y aura du travail pour tout le monde, que l’électricité sera pour rien et que l’on reverra le Paradis Terrestre modifié dans le style Goldorak. A condition, bien entendu, de consentir à quelques petits sacrifices sans importance pour le bien de tous. Vous y croyez vous ? Mais si vous faites la moindre réserve, vous voilà traités de passéistes. C’est un mot qui vaut, à lui seul pour nostalgiques, rétrogrades, conservateurs, bornés, têtus comme des ânes rouges. Quand un beau parleur, quel qu’il soit, a recours à cet adjectif, méfiez vous ! Il cherche à vous refiler une douteuse camelote ou même vous faire avaler une couleuvre de taille, politique de préférence. Encore heureux quand il ne tente pas de vous dépouiller de votre patrimoine, le vrai. Avez-vous remarqué que tous les arguments de ces gens-là sont futuristes. Le bonheur est toujours pour demain".
Per-Jakez Hélias. 1914-1995
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