Biographie
Aussi loin qu’elle s’en souvienne Laurence Etchechuri a produit des images. Née en 1967, le dessin, la pratique plastique de manière générale, la nourrit depuis toujours. Le garage de ses parents est le lieu de la créativité, du faire. Se servir de ses mains, inventer des choses lui sont indispensables. Petite, elle fabrique des arcs, des flèches; imagine et réalise des cabanes. Elle utilise des outils, teste l’assemblage de matériaux. Une expérimentation constante, sans clivage de médiums et qui ne la quittera jamais. (Elle exercera d’ailleurs des métiers qui lui permettront cette adéquation entre création d’objets et travail manuel : encadrement, réalisation de décors pour des vitrines, fabrication de pelotes basques. À 16 ans, elle installe un labo photo dans sa chambre. Elle passe d’ailleurs un CAP photographique au Lycée Molière d’Orthez, Commune où l’image est à l’honneur avec le Centre d’Art Image/.
Outre sa pratique plastique personnelle, elle assouvit son goût pour l’art contemporain dans la création, avec son compagnon, d’une galerie d’art à Bayonne en 1989 à l’àge de 22 ans. Cette galerie nommée «Big Bang», est située rue Deluc. A cette époque, il s’agit d’un véritable pari. «Big Bang» est la toute première galerie dédiée à l’art contemporain à Bayonne et ses alentours. Fonctionnant sur la base d’expositions temporaires, elle présentera, entre autre, 8 plasticiens dont Christophe Doucet (sculpteur installé dans les Landes) et Loran Martinel (peintre du Tarn). La galerie ferme en 1991.
À 27 ans, son compagnon et elle décident de partir pour un voyage longue durée. Suivent deux années passées en Asie (Chine, Hong Kong, Laos, Thaïlande, Malaisie...). Laurence Etchechuri réalise des photos bien sûr, mais surtout des carnets de voyage dans lesquels elle dessine sans contrainte, sans objectif. En Chine, elle rencontrera un peintre-calligraphe, d’un âge très avancé, qui calligraphiera dans l’un de ses carnets «Celui qui avance avec sincérité n’a pas de crainte à avoir». Si elle a bien entendu été marquée par ce voyage sur le plan esthétique, c’est sur le plan humain que l’apport est le plus prégnant au premier abord. ceci étant, Laurence Etchechuri a digéré inconsciemment certaines images, formes et couleurs, car il lui arrive de saisir, à l’issue d’une réalisation, d’où provient son inspiration.
Elle s’installe à Ascain en 1996 et reprend activement la peinture et la sculpture. Désireuse d’élargir le champ de ses possibles, elle suit une formation en graphisme courant 2005 à l’École d’Art de Bayonne. Elle sent que l’outil numérique peut lui offrir de nouvelles pistes de recherches. Elle ne veut surtout pas passer à côté de ce potentiel. N’ayant pas été formatée par plusieurs années d’enseignement dans cette discipline, elle emploie ce nouveau médium de façon non académique, un aspect qui enrichit sa pratique.
L’artiste réalise sa première exposition individuelle de peintures à Saint Jean de Luz en 2005. Elle lui vaudra un reportage sur France 3.
Aujourd’hui Laurence Etchechuri crée dans son atelier d’Ascain avec le même plaisir que lorsqu'elle était enfant. L’engouement pour la recherche de formes, la création d’objets, alimente chaque jour sa pratique plastique aussi bien dans la peinture, la sculpture, l’installation, que dans des montages numériques.
Démarche artistique
La pratique plastique de Laurence Etchechuri se déploie dans différents médiums : peinture, sculpture, installation et animation numérique. le besoin de dépasser ses savoirs l’amènent régulièrement à appréhender de nouveaux médiums et matériaux. Elle enrichit ainsi petit à petit son champs d’action. Le mode de production varie d’un support à l’autre. Pour la peinture tout est défini en amont mentalement : organisation de l’espace de la toile, répartition des éléments, couleurs. À l’inverse, la sculpture est travaillée instinctivement et directement par la manipulation de matériaux. Un élément parcourt l’ensemble de la production : le mouvement. Qu’il soit représenté, physiquement présent ou engendré dans l’œil de l'observateur, tout bouge et circule chez la plasticienne.
Aperçu des séries développées par l’artiste
Lauburu ou croix basque - peinture
Laurence Etchechuri développe une recherche sur ce symbole depuis plusieurs années. Elle le considère alors non pas comme l’emblème identitaire du Pays Basque mais comme un élément graphique épuré qui devient motif. La tradition est vivante et s’enrichit de la culture de chaque époque. C’est ce que l’artiste cherche à faire avec ce travail : utiliser une forme traditionnelle en lui octroyant une image en phase avec sa contemporanéité.
Kaléidoscope - peinture
Cette série découle d’une peinture crée par l’artiste en 2014, «L’origine du monde». Réalisée sur bois, les bords externes suivent les contours des formes de sorte que le spectateur a la sensation que les couleurs et motifs sont en expansion. Série travaillée selon le principe du kaléidoscope, la plasticienne explore les compositions graphiques de cette toile originelle à la recherche d’un équilibre et d’une harmonie. L’artiste souhaite également créer des images impactantes. Ses compositions nous happent et nous retiennent comme les mailles d’un filet. Notre œil parcourt lignes et couleurs afin d’intégrer le tout. Les couleurs sont vives, les formes élémentaires, mais leur agencement complexe; c’est ce qui attire et retient notre regard.
Motif et figuration - peinture
Cette série aborde la notion de contraste qui se traduit par la fabrication d’effets visuels forts. La première chose que l’artiste met en œuvre, c’est la répartition des éléments dans sa toile. Il s’agit là de découper la surface et de cadrer les différentes formes - motifs, figures, respiration. La peinture au hashtag par exemple est une confrontation entre un élément graphique contemporain, servant dans le domaine numérique, avec un motif issu des foulards russes faisant référence à une forme d’artisanat. À cela s’ajoute ce que l’artiste appelle des «respirations», ici des cercles blancs. Il y a une forme de littéralité : la «respiration» nécessaire à l’équilibre et compréhension d’une image n’est plus induite, mais posée de façon quasi ostentatoire. Enfin un carré rose achève la peinture. La composition est simple mais provoque une circulation de l’œil sur toute la surface.
Assemblage - sculpture et installation
La peinture de la plasticienne est très cloisonnée ce qui n’est pas le cas avec la sculpture. Ce médium est pour elle un lieu d’expérimentations qui viendront ensuite nourrir son travail en deux dimensions. Elle teste l’assemblage de divers matériaux trouvés dans des magasins de bricolage (bois, fer, plastique...). La réalisation doit être rapide. Le mouvement est à nouveau présent : dans le point d’équilibre trouvé, dans la possibilité d’agencer une pièce constitué de deux parties à sa guise ou encore de la replier sur elle-même pour l’emporter avec soi. Ses installations mélangent les impacts visuels recherchés en peinture à l’expérimentation de matériaux en sculpture ; le point commun étant l’économie de moyen mis en œuvre.